L'été des jeux divers
Gardons précieusement le souvenir de la magie des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Des Olympiades pareilles à nulle autre édition à ce jour.
Sports confidentiels
Parmi les enseignements à tirer de ces récents JO, retenons la passion d'un public nombreux, sur les lieux des épreuves comme devant les écrans de télévision. Avec un engouement pour plusieurs sports simultanément. En particulier des disciplines peu médiatisées, limitées à une pratique confidentielle : tir à l'arc, tennis de table, badminton, taekwondo, entre autres... Cet engouement le confirme : tous ces sports ont de l'avenir. Ils peuvent susciter des vocations de pratiquants et de suiveurs. A condition de bénéficier du soutien nécessaire à la création de structures, l'encadrement de personnes compétentes, l'apport de matériel. Et d'un éclairage médiatique.
Gabegie
Si Tiro Libre s'intéresse aussi aux sports peu développés dans notre société, c'est en raison de la gabegie que notre regard transversal perçoit dans le monde du ballon rond. Contentons-nous de rappeler que pour la bagatelle de 222 Millions d'euros, le PSG a recruté Neymar, qui sur le terrain n'aura pas fait grand chose les justifiant ; que le Barça continue à assurer un salaire de 37,5 millions par an à Frenkie De Jong, autre éternel "surdoué" ; que le Réal Madrid a officialisé pour plus de 100 Millions l'acquisition du sympathique Eden Hazard, auteur de médiocres prestations lors de ses rares apparitions sous le maillot blanc. Autant de gâchis engraissant des agents et intermédiaires, pas toujours garants de l'éthique sportive. Insultes à la pauvreté, de telles gifles à la cohérence gestionnaire sont encouragées par les budgets de grands clubs surfinancés par un marketing agressif, la manne des droits télévisés, une complaisance excessive des sponsors ; et l'insolente opulence de fonds d'investissement, dont certains appartiennent même à des états !
Du mécénat au sponsoring
Une modeste portion des dépenses publicitaires et/ou de stratégie financière, voire géopolitique, faciliterait l'essor de disciplines sportives dont la visibilité contribuerait au bien-être, parfois même au bonheur de pratiquants ; au plaisir de supporters. Et à l'éducation d'une jeunesse souvent en recherche de repères. Sans nuire à la poursuite du développement des sports populaires hypermédiatisés, comme le football. Et ce, avec un retour sur investissement attractif pour les entités commanditaires, à différence du mécénat* traditionnel. Car la ferveur suscitée, en particulier par les Jeux Paralympiques, encourage le parrainage sportif qui offre à l'entreprise sponsor l'opportunité d'accroître sa notoriété et son image de marque, en s'appropriant l'originalité et les valeurs morales véhiculées par un programme sportif vertueux.
Diversification
La monoculture du parrainage sur les disciplines sportives les plus médiatisées se traduit par la diffusion de spots TV aux horaires d' "évènements sportifs majeurs". Sur des espaces encombrés, spécialement onéreux, aux dépens des temps d'antenne et de la fréquence des passages. Pour le coût d'une salve de spots diffusés lors d'une finale de coupe du monde ou de champions League, songeons au plan médias que pourrait négocier l'annonceur à l'occasion d'une course de surf foil, d'un match de rugby ou de cécifoot, d'un tournoi de boccia... Un parrainage diversifié des disciplines sportives consentirait une meilleure répartition des temps d'antenne optimisant la durée, la quantité et la fréquence des passages ; en faveur d'une sommation facilitant la mémorisation du message promotionnel transmis. Et donc, pour l'entreprise sponsor, un meilleur retour sur investissement que la monoculture pratiquée au profit des seuls sports populaires.
Mission éducation
Pour le progrès de la société, mettons à profit la valeur éducationnelle du sport. Félicitons-nous de l'ample couverture médiatique de disciplines peu populaires, assurée par nos chaînes publiques au long de ces Jeux Olympiques et Paralympiques. Mais comment ne pas regretter la maigre contribution, jusqu'alors, de médias financés par les subventions d'état et la redevance des téléspectateurs ? A l'exemple de France 2 qui, dans sa course à l'audimat, s'est surtout contentée de retransmettre le Tournoi des 6 nations et la Coupe du monde de rugby, le Tour de France cycliste, Rolland Garros... Sans vraiment mettre en lumière des sports à démocratiser, notamment auprès de personnes handicapées. Voilà qui mériterait une croisade rassemblant des dirigeants des secteurs public et privé, avec le précieux soutien de représentants du monde médiatique. A quand un test de vulgarisation effectué sur une activité sportive maintenue à l'écart des feux de la rampe ?
Parti prenante
La progression des sports confidentiels stimulera la pratique et le suivi du sport en général, bénéficiant également au football et aux autres activités sportives médiatisées. Tiro Libre se doit d'être parti prenante d'une mission éducationnelle : l'implication, dans un effort de sensibilisation et de conviction de nos populations, du monde du ballon rond : ses instances, ses pratiquants, son public. Alors, donnons-nous rendez-vous aux prochaines Olympiades et Paralympiades d'hiver et d'été, afin de mesurer les progrès réalisés dans le soutien aux divers sports de l'ombre. Il y a du pain sur la planche !
*Permettez cette diversion adressée aux amateurs de contrepétries, sur une urgence médicale qui ne doit rien au mécénat : "La philanthropie de l'ouvrier charpentier".